Tu en as sûrement déjà entendu parler dans certains livres érotiques qui ont été populaires pendant un certain moment. Toutefois, il importe de dire que cette saga n’est pas à l’image de ce qu’est le BDSM dans la réalité et c’est pourquoi je veux démystifier ici cette sous-culture peu connue.
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*Le masculin sera utilisé dans le but d’alléger le texte
Il est important de mentionner qu’environ 10 % des gens ont des pratiques BDSM, et qu’il n’existe pas un profil type. Les pratiques hors BDSM sont plutôt qualifiées de « vanilles ». Certaines personnes vivent le BDSM en tout temps, ce que l’on appelle 24/7. D’autres centrent uniquement leur intimité et leur sexualité sur cette pratique. D’autres encore pratiquent le BDSM de temps à autre, en plus d’avoir des pratiques vanilles. Bref, chaque personne choisit son niveau de pratique et si cela devient plus un mode de vie ou une pratique occasionnelle. C’est une façon d’ajouter du piquant, de tester ses limites, de se défier et, surtout, de tester sa confiance envers l’autre. D’ailleurs, le BDSM ne tourne pas seulement autour du sexe, comme il sera expliqué plus tard. Et les moments d’intimité ou de sexualité sont nommés jeux ou scènes.
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Le BDSM se pratique à la maison, entre adultes consentants. Parfois, certaines personnes vont se créer un donjon (salle dédiée au BDSM, avec tous les jouets, instruments et précautions requises) à la maison et recevoir des adeptes choisis en ce lieu privé. Le BDSM se pratique aussi lors de soirées plus libertines, à grand public, où les gens seront reçus dans un donjon plus important. Ces soirées, quoiqu’ouvertes à plus de gens, sont très sélectives et très sécuritaires. Des gardes de sécurité sont prêts à sortir les gens qui ne se conforment pas aux règles. Un code vestimentaire est requis et le consentement doit être demandé en tout temps, que ce soit pour regarder ou participer. Il n’y pas de place non plus pour le jugement concernant la nationalité, le genre, le sexe, l’orientation sexuelle et la position (dominant, soumis ou les deux).
Donjon
Que veulent dire les lettres BDSM? Cet acronyme n’est pas choisi au hasard… Le BD fait référence à bondage et à discipline. Le bondage est en fait le fait d’attacher ou de restreindre les mouvements par le ligotage avec des cordes, des menottes, un corset, un sac d’enfermement, une combinaison de latex ou une cage. La discipline fait référence au fait d’obéir à son maître ou à son dominant. Ainsi, si le soumis désobéit de quelconque façon que ce soit (verbalement, physiquement, psychologiquement, monétairement), il sera puni par une conséquence qui a été prédéterminée entre les deux parties. Celle-ci peut être d’être flagellé, frappé, privé de sexe, défendu de se masturber pendant une semaine, obligé de porter une ceinture de chasteté/cage à pénis, etc.
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Le DS fait référence à la relation dominant-soumis. La relation dominant-soumis est une relation particulière. Elle est régie par un contrat entre les deux personnes, qui doivent énoncer leurs besoins, leurs désirs et leurs limites. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le soumis a le pouvoir décisionnel de mettre fin à la scène ou au jeu en tout temps, à l’aide d’un mot de sécurité qui sera énoncé au besoin. Cette relation en est une de confiance, puisque chacun va tester ses limites au cours des échanges. C’est pourquoi il faut être constamment sûr de respecter l’autre et d’être à l’affût, et de verbaliser quand quelque chose ne va pas. Cette relation peut être destructrice si elle est mal comprise ou si les bases sont fragiles : le BDSM peut aller jouer dans la tête de quelqu’un.
Shibari (bondage japonais)
Enfin, le SM fait référence au volet sadomasochiste. La douleur dans le BDSM est l’outil qui décuple le plaisir, fait atteindre l’orgasme. C’est quelque chose de recherché, subtil, qui monte progressivement. Que ce soit pour punir un soumis ou bien pour lui procurer un orgasme, la douleur est utilisée pour se rapprocher entre dominant-soumis et raffermir les liens qui unissent les deux partenaires. Elle crée de l’endorphine, de l’adrénaline et donc une sensation qui fait planer. Elle est attendue et voulue, anticipée et prévue. Il existe ainsi autant de façon de pratiquer le BDSM que de couples de partenaires différents et toutes se valent. À chacun de graviter autour des trois axes ainsi nommés pour bâtir une relation qui répond à ce que souhaitent les deux partenaires.
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Autre point important : ne se lance pas dans le BDSM qui veut. Cela pourrait être dangereux, notamment au point de vue physique. Il existe des cours dont le but est d’apprendre à manier les divers instruments, car il est facile de blesser son partenaire. Certains endroits sont très sensibles et il faut les éviter. Même chose pour le bondage : il faut savoir comment bien attacher son partenaire (parce que c’est un art!) afin d’éviter de couper la circulation, ce qui pourrait entraîner des blessures graves, voire la perte de membres. Le Centre communautaire pour les modes de vie alternatifs, propose de très bons ateliers afin de se familiariser avec l’univers BDSM. Il existe aussi d’autres précautions à prendre, notamment concernant la protection, comment entretenir ses jouets et son matériel. On évite aussi de mélanger drogues ou alcool et jeu, ce qui pourrait être très malsain, car sous l’influence de substances, on perd connaissance de nos limites. Enfin, on ne laisse jamais une personne immobilisée ou attachée sans surveillance, au risque que celle-ci fasse un malaise.
Collier et laisse
Après les pratiques, il y a une séance de câlins, caresses et discussions. Bien souvent, les gens se sentent vulnérables et cela permet de faire une mise au point sur comment les choses se sont passées et de redescendre de ce rush d’hormones qui fait planer.
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Cet article ne se veut donc qu’un infime aperçu de cet univers qui est assez complexe, diversifié et dont les règles se créent entre partenaires consentants. Si jamais tu souhaites en savoir plus, le CCVA peut répondre à tes questions. Tu peux aussi parcourir les différents blogues disponibles sur le sujet ou bien aller voir sur FetLife pour discuter avec des gens qui ont des pratiques BDSM. C’est aussi important de t’informer via les livres, les films, les conférences, les blogues, les ateliers… Bonne découverte !